Peinture, sculpture, gravure, dessin, caricature, costume, décor, tapisserie, ébénisterie, verrerie, céramique, ciselage, orfèvrerie, photographie, plan de jardin.)
Du côté de chez Swann
Gozzoli, Benozzo, peintre florentin de la Renaissance (1420 ou 1424-1497) : Le Sacrifice d’Abraham
*il [le père du Héros] était encore devant nous, grand, dans sa robe de nuit blanche sous le cachemire de l’Inde violet et rose qu’il nouait autour de sa tête depuis qu’il avait des névralgies, avec le geste d’Abraham dans la gravure d’après Benozzo Gozzoli que m’avait donnée M. Swann, disant à Sarah qu’elle a à se départir du côté d’Isaac. (I, 25)
Corot, Jean-Baptiste, peintre français (1796-1875) : La Cathédrale de Chartres
*au lieu de photographies de la Cathédrale de Chartres, des Grandes Eaux de Saint-Cloud, du Vésuve, elle [la grand’mère du Héros] se renseignait auprès de Swann si quelque grand peintre ne les avait pas représentés, et préférait me donner des photographies de la Cathédrale de Chartres par Corot, des Grandes Eaux de Saint-Cloud par Hubert Robert, du Vésuve par Turner, (I, 27)
Robert, Hubert, peintre français (1733-1808) : [Fontaine]
*au lieu de photographies de la Cathédrale de Chartres, des Grandes Eaux de Saint-Cloud, du Vésuve, elle [la grand’mère du Héros] se renseignait auprès de Swann si quelque grand peintre ne les avait pas représentés, et préférait me donner des photographies de la Cathédrale de Chartres par Corot, des Grandes Eaux de Saint-Cloud par Hubert Robert, du Vésuve par Turner, (I, 27)
Turner, Joseph Mallord William, peintre britannique (1775-1851) : Le Vésuve en colère
*au lieu de photographies de la Cathédrale de Chartres, des Grandes Eaux de Saint-Cloud, du Vésuve, elle se renseignait auprès de Swann si quelque grand peintre ne les avait pas représentés, et préférait me donner des photographies de la Cathédrale de Chartres par Corot, des Grandes Eaux de Saint-Cloud par Hubert Robert, du Vésuve par Turner, ce qui faisait un degré d’art de plus. (I, 27)
Morghen, Raphaël, graveur italien (1758-1833) : La Cène de Vinci
*Elle demandait à Swann si l’œuvre n’avait pas été gravée, préférant, quand c’était possible, des gravures anciennes et ayant encore un intérêt au delà d’elles-mêmes, par exemple celles qui représentent un chef-d’œuvre dans un état où nous ne pouvons plus le voir aujourd’hui (comme la gravure de la Cène de Léonard avant sa dégradation, par Morghen). (I, 28)
Titien, Tiziano Vecelli, dit Le, peintre vénitien de la Renaissance (vers 1488-1576) : [Portrait d’un Vénitien]
*L’idée que je pris de Venise d’après un dessin du Titien qui est censé avoir pour fond la lagune, était certainement beaucoup moins exacte que celle que m’eussent donnée de simples photographies. (I, 28)
Piranesi, Giovanni Battista, graveur italien (1720-1778) : [La Place Navona sous les ruines du Cirque Agonale]
*Même à Paris, dans un des quartiers les plus laids de la ville, je sais un fenêtre où on voit après un premier, un second et même un troisième plan fait des toits amoncelés de plusieurs rues, une cloche violette, parfois rougeâtre, parfois aussi, dans les plus nobles «épreuves» qu’en tire l’atmosphère, d’un noir décanté de cendres, laquelle n’est autre que le dôme Saint-Augustin et qui donne à cette vue de Paris le caractère de certaines vues de Rome par Piranesi. (I, 46)
Giotto (di Bondone), peintre florentin du Trecento (1267-1337) : La Charité
*L’année où nous mangeâmes tant d’asperges, la fille de cuisine habituellement chargée de les «plumer» était une pauvre créature maladive, dans un état de grossesse déjà assez avancé quand nous arrivâmes à Pâques, et on s’étonnait même que Françoise lui laissât faire tant de courses et de besogne, car elle commençait à porter difficilement devant elle la mystérieuse corbeille, chaque jour plus remplie, dont on devinait sous ses amples sarraux la forme magnifique.
Ceux-ci rappelaient les houppelandes qui revêtent certaines des figures symboliques de Giotto dont M. Swann m’avait donné des photographies. C’est lui-même qui nous l’avait fait remarquer et quand il nous demandait des nouvelles de la fille de cuisine, il nous disait : «Comment va la Charité de Giotto ?» D’ailleurs, elle-même, la pauvre fille, engraissée par sa grossesse, jusqu’à la figure, jusqu’aux joues qui tombaient droites et carrées, ressemblait en effet assez à ces vierges, fortes et hommasses, matrones plutôt, dans lesquelles les vertus sont personnifiées à l’Arena. Et je me rends compte maintenant que ces Vertus et ces Vices de Padoue lui ressemblaient encore d’une autre manière. (I, 56)
Giotto (bis) : La Charité (bis)
*Malgré toute l’admiration que M. Swann professait pour ces figures de Giotto, je n’eus longtemps aucun plaisir à considérer dans notre salle d’études, où on avait accroché les copies qu’il m’en avait rapportées, cette Charité sans charité, cette Envie qui avait l’air d’une planche illustrant seulement dans un livre de médecine la compression de la glotte ou de la luette par une tumeur de la langue ou par l’introduction de l’instrument de l’opérateur, une Justice, dont le visage grisâtre et mesquinement régulier était celui-là même qui, à Combray, caractérisait certaines jolies bourgeoises pieuses et sèches que je voyais à la messe et dont plusieurs étaient enrôlées d’avance dans les milices de réserve de l’Injustice. (1, 57)
Giotto (ter) : L’Envie
*L’Envie, elle, aurait eu davantage une certaine expression d’envie. Mais dans cette fresque-là encore, le symbole tient tant de place et est représenté comme si réel, le serpent qui siffle aux lèvres de l’Envie est si gros, il lui remplit si complètement sa bouche grande ouverte, que les muscles de sa figure sont distendus pour pouvoir le contenir, comme ceux d’un enfant qui gonfle un ballon avec son souffle, et que l’attention de l’Envie — et la nôtre du même coup — tout entière concentrée sur l’action de ses lèvres, n’a guère de temps à donner à d’envieuses pensées.
Malgré toute l’admiration que M. Swann professait pour ces figures de Giotto, je n’eus longtemps aucun plaisir à considérer dans notre salle d’études, où on avait accroché les copies qu’il m’en avait rapportées, cette Charité sans charité, cette Envie qui avait l’air d’une planche illustrant seulement dans un livre de médecine la compression de la glotte ou de la luette par une tumeur de la langue ou par l’introduction de l’instrument de l’opérateur, une Justice, dont le visage grisâtre et mesquinement régulier était celui-là même qui, à Combray, caractérisait certaines jolies bourgeoises pieuses et sèches que je voyais à la messe et dont plusieurs étaient enrôlées d’avance dans les milices de réserve de l’Injustice. (1, 57)
Giotto (quater) : La Justice
*Malgré toute l’admiration que M. Swann professait pour ces figures de Giotto, je n’eus longtemps aucun plaisir à considérer dans notre salle d’études, où on avait accroché les copies qu’il m’en avait rapportées, cette Charité sans charité, cette Envie qui avait l’air d’une planche illustrant seulement dans un livre de médecine la compression de la glotte ou de la luette par une tumeur de la langue ou par l’introduction de l’instrument de l’opérateur, une Justice, dont le visage grisâtre et mesquinement régulier était celui-là même qui, à Combray, caractérisait certaines jolies bourgeoises pieuses et sèches que je voyais à la messe et dont plusieurs étaient enrôlées d’avance dans les milices de réserve de l’Injustice. (1, 57)
Giotto (quinquies) : L’Injustice
*Malgré toute l’admiration que M. Swann professait pour ces figures de Giotto, je n’eus longtemps aucun plaisir à considérer dans notre salle d’études, où on avait accroché les copies qu’il m’en avait rapportées, cette Charité sans charité, cette Envie qui avait l’air d’une planche illustrant seulement dans un livre de médecine la compression de la glotte ou de la luette par une tumeur de la langue ou par l’introduction de l’instrument de l’opérateur, une Justice, dont le visage grisâtre et mesquinement régulier était celui-là même qui, à Combray, caractérisait certaines jolies bourgeoises pieuses et sèches que je voyais à la messe et dont plusieurs étaient enrôlées d’avance dans les milices de réserve de l’Injustice. (1, 57)
Bellini, Gentile, peintre vénitien de la Renaissance (1429-1507) : Mahomet II
*Je lui dis que c’était Bloch. —Ah! oui, ce garçon que j’ai vu une fois ici, qui ressemble tellement au portrait de Mahomet II par Bellini. Oh! c’est frappant, il a les mêmes sourcils circonflexes, le même nez recourbé, les mêmes pommettes saillantes. Quand il aura une barbiche ce sera la même personne (I, 68)
Inconnu, sculpteur français (XIIe siècle) : Portail royal de la cathédrale de Chartres (« les Reines de Chartres » [la Reine de Saba])
*[Swann au Héros :] Cela vous donnera une vision aussi noble que n’importe quel chef-d’œuvre, je ne sais pas moi… que — et il se mit à rire — «les Reines de Chartres!» (I, 69)
Robert (bis) : [Le Cénotaphe de Jean-Jacques Rousseau]
*Dans chaque jardin le clair de lune, comme Hubert Robert, semait ses degrés rompus de marbre blanc, ses jets d’eau, ses grilles entr’ouvertes. (I, 81)
Giotto (sexies) : La Charité (ter)
*La pauvre Charité de Giotto, comme l’appelait Swann, chargée par Françoise de les «plumer», les avait près d’elle dans une corbeille, son air était douloureux, comme si elle ressentait tous les malheurs de la terre; et les légères couronnes d’azur qui ceignaient les asperges au-dessus de leurs tuniques de rose étaient finement dessinées, étoile par étoile, comme le sont dans la fresque les fleurs bandées autour du front ou piquées dans la corbeille de la Vertu de Padoue. Et cependant, Françoise tournait à la broche un de ces poulets, comme elle seule savait en rôtir, qui avaient porté loin dans Combray l’odeur de ses mérites, et qui, pendant qu’elle nous les servait à table, faisaient prédominer la douceur dans ma conception spéciale de son caractère, l’arôme de cette chair qu’elle savait rendre si onctueuse et si tendre n’étant pour moi que le propre parfum d’une de ses vertus.
Mais le jour où, pendant que mon père consultait le conseil de famille sur la rencontre de Legrandin, je descendis à la cuisine, était un de ceux où la Charité de Giotto, très malade de son accouchement récent, ne pouvait se lever; Françoise, n’étant plus aidée, était en retard. (I, 86)
Giotto (septies) : La Charité (quater)
*Mais dès que je l’[Françoise] eus appelée et qu’elle fut revenue près du lit de la Charité de Giotto, ses larmes cessèrent aussitôt de couler; (I, 87)
Gleyre, Charles, peintre suisse (1808-1874) : [Le Soir]
*J’aimais à retrouver son image dans des tableaux et dans des livres, mais ces œuvres d’art étaient bien différentes — du moins pendant les premières années, avant que Bloch eût accoutumé mes yeux et ma pensée à des harmonies plus subtiles — de celles où la lune me paraîtrait belle aujourd’hui et où je ne l’eusse pas reconnue alors. C’était, par exemple, quelque roman de Saintine, un paysage de Gleyre où elle découpe nettement sur le ciel une faucille d’argent, de ces œuvres naïvement incomplètes comme étaient mes propres impressions et que les sœurs de ma grand’mère s’indignaient de me voir aimer. (I, 104)
Vinci, Léonard de, peintre italien de la Renaissance, homme d’esprit universel (1452-1519) : La Cène
*comme ces gravures anciennes de la Cène ou ce tableau de Gentile Bellini dans lesquels l’on voit en un état qui n’existe plus aujourd’hui le chef-d’œuvre de Vinci et le portail de Saint-Marc. (I, 118)
Bellini (bis) : Portail de Saint-Marc*ces gravures anciennes de la Cène ou ce tableau de Gentile Bellini dans lesquels l’on voit en un état qui n’existe plus aujourd’hui le chef-d’œuvre de Vinci et le portail de Saint-Marc. (I, 118)
Carpaccio, Vittore, peintre vénitien de la Renaissance (vers 1460-vers 1526) : [Vierge lisant]
*une carnation de géranium aux tapis rouges qu’on y avait étendus par terre pour la solennité et sur lesquels s’avançait en souriant Mme de Guermantes, et ajoutait à leur lainage un velouté rose, un épiderme de lumière, cette sorte de tendresse, de sérieuse douceur dans la pompe et dans la joie qui caractérisent certaines pages de Lohengrin, certaines peintures de Carpaccio (I, 126)
Ver Meer [ou Vermeer de Delft], Johannes, peintre baroque hollandais (1632-1675) : [La Laitière]
*Il [Swann] avait allégué des travaux en train, une étude — en réalité abandonnée depuis des années — sur Ver Meer de Delft. «Je comprends que je ne peux rien faire, moi chétive, à côté de grands savants comme vous autres, lui avait-elle [Odette] répondu. Je serais comme la grenouille devant l’aréopage. Et pourtant j’aimerais tant m’instruire, savoir, être initiée.
Comme cela doit être amusant de bouquiner, de fourrer son nez dans de vieux papiers, avait-elle ajouté avec l’air de contentement de soi-même que prend une femme élégante pour affirmer que sa joie est de se livrer sans crainte de se salir à une besogne malpropre, comme de faire la cuisine en «mettant elle-même les mains à la pâte». «Vous allez vous moquer de moi, ce peintre qui vous empêche de me voir (elle voulait parler de Ver Meer), je n’avais jamais entendu parler de lui; vit-il encore ? Est-ce qu’on peut voir de ses œuvres à Paris (I, 140)
Hooch, Pieter de, peintre baroque néerlandais (1629-entre 1684 et 1694) : [Femme buvant avec des soldats]
*Il commençait par la tenue des trémolos de violon que pendant quelques mesures on entend seuls, occupant tout le premier plan, puis tout d’un coup ils semblaient s’écarter et comme dans ces tableaux de Pieter De Hooch, qu’approfondit le cadre étroit d’une porte entr’ouverte, tout au loin, d’une couleur autre, dans le velouté d’une lumière interposée, la petite phrase apparaissait, dansante, pastorale, intercalée, épisodique, appartenant à un autre monde. (I, 155)
Botticelli, Sandro, peintre florentin de la Renaissance (1444 ou 1445-1510) : Les Filles de Jethro
*Debout à côté de lui, laissant couler le long de ses joues ses cheveux qu’elle [Odette] avait dénoués, fléchissant une jambe dans une attitude légèrement dansante pour pouvoir se pencher sans fatigue vers la gravure qu’elle regardait, en inclinant la tête, de ses grands yeux, si fatigués et maussades quand elle ne s’animait pas, elle frappa Swann par sa ressemblance avec cette figure de Zéphora, la fille de Jéthro, qu’on voit dans une fresque de la chapelle Sixtine. (I, 158)
Rizzo, Antonio, sculpteur italien (1430-vers 1499) : Lorédan
*Swann avait toujours eu ce goût particulier d’aimer à retrouver dans la peinture des maîtres non pas seulement les caractères généraux de la réalité qui nous entoure, mais ce qui semble au contraire le moins susceptible de généralité, les traits individuels des visages que nous connaissons : ainsi, dans la matière d’un buste du doge Loredan par Antoine Rizzo, la saillie des pommettes, l’obliquité des sourcils, enfin la ressemblance criante de son cocher Rémi (I, 158)
Ghirlandajo, Le, peintre florentin de la Renaissance (1449-1494) : Portrait d’un vieil homme avec son petit-fils
*Swann avait toujours eu ce goût particulier d’aimer à retrouver dans la peinture des maîtres non pas seulement les caractères généraux de la réalité qui nous entoure, mais ce qui semble au contraire le moins susceptible de généralité, les traits individuels des visages que nous connaissons : ainsi, dans la matière d’un buste du doge Loredan par Antoine Rizzo, la saillie des pommettes, l’obliquité des sourcils, enfin la ressemblance criante de son cocher Rémi; sous les couleurs d’un Ghirlandajo, le nez de M. de Palancy; (I, 158)
[Proust devant le tableau au musée du Louvre à Lucien Daudet, en 1895 : « Mais c’est le portrait vivant de M. du Lau ! C’est une ressemblance incroyable !… Comme ce serait gentil si c’était lui !… Ah ! mon petit, c’est bien amusant de regarder de la peinture.]
Tintoret, Jacopo Robusti, dit Le, peintre vénitien de la Renaissance (1518-1594) : [Autoportrait]
*Swann avait toujours eu ce goût particulier d’aimer à retrouver dans la peinture des maîtres non pas seulement les caractères généraux de la réalité qui nous entoure, mais ce qui semble au contraire le moins susceptible de généralité, les traits individuels des visages que nous connaissons : ainsi, dans la matière d’un buste du doge Loredan par Antoine Rizzo, la saillie des pommettes, l’obliquité des sourcils, enfin la ressemblance criante de son cocher Rémi; sous les couleurs d’un Ghirlandajo, le nez de M. de Palancy; dans un portrait de Tintoret, l’envahissement du gras de la joue par l’implantation des premiers poils des favoris, la cassure du nez, la pénétration du regard, la congestion des paupières du docteur du Boulbon. (I, 158)
Botticelli (bis) : Zéphora (détail) (bis)
*il trouva à ce moment-là dans la ressemblance d’Odette avec la Zéphora de ce Sandro di Mariano auquel on ne donne plus volontiers son surnom populaire de Botticelli depuis que celui-ci évoque au lieu de l’œuvre véritable du peintre l’idée banale et fausse qui s’en est vulgarisée. (I, 159)
Botticelli (ter) : Zéphora (détail)
*Cette vague sympathie qui nous porte vers un chef-d’œuvre que nous regardons, maintenant qu’il connaissait l’original charnel de la fille de Jéthro, elle devenait un désir qui suppléa désormais à celui que le corps d’Odette ne lui avait pas d’abord inspiré. Quand il avait regardé longtemps ce Botticelli, il pensait à son Botticelli à lui qu’il trouvait plus beau encore et approchant de lui la photographie de Zéphora, il croyait serrer Odette contre son cœur. (I, 160)
Botticelli (quater) : Vie de Moïse
*elle le regardait d’un air maussade, il revoyait un visage digne de figurer dans la Vie de Moïse de Botticelli, il l’y situait, il donnait au cou d’Odette l’inclinaison nécessaire; et quand il l’avait bien peinte à la détrempe, au XVe siècle, sur la muraille de la Sixtine, l’idée qu’elle était cependant restée là, près du piano, dans le moment actuel, prête à être embrassée et possédée, l’idée de sa matérialité et de sa vie venait l’enivrer avec une telle force que, l’œil égaré, les mâchoires tendues comme pour dévorer, il se précipitait sur cette vierge de Botticelli et se mettait à lui pincer les joues. (I, 169)
Ver Meer (bis) : [Le Géographe]
*Certains jours pourtant, mais rares, elle venait chez lui dans l’après-midi, interrompre sa rêverie ou cette étude sur Ver Meer à laquelle il s’était remis dernièrement. (I, 170)
Watteau, Antoine, peintre français (1684-1721) : Feuilles d’études
*la vie d’Odette pendant le reste du temps, comme il n’en connaissait rien, lui apparaissait avec son fond neutre et sans couleur, semblable à ces feuilles d’études de Watteau, où on voit çà et là, à toutes les places, dans tous les sens, dessinés aux trois crayons sur le papier chamois, d’innombrables sourires. (I, 171)
Rembrandt, peintre baroque hollandais (1606-1669) : [Portrait de Saskia jeune]
*la silhouette d’Odette, qu’il [Swann] avait aperçue, le matin même, montant à pied la rue Abbatucci dans une «visite» garnie de skunks, sous un chapeau «à la Rembrandt» et un bouquet de violettes à son corsage. (I, 171)
Ver Meer (ter) : [La Dame au collier de perles]
*Pour Ver Meer de Delft, elle lui demanda s’il avait souffert par une femme, si c’était une femme qui l’avait inspiré, et Swann lui ayant avoué qu’on n’en savait rien, elle s’était désintéressée de ce peintre. (I, 171)
Rembrandt (bis) : La Ronde de nuit
*Ça a l’air fait avec rien, reprit le peintre [Elstir], pas plus moyen de découvrir le truc que dans la Ronde ou les Régentes et c’est encore plus fort comme patte que Rembrandt et que Hals. Tout y est, mais non, je vous jure. (I, 181)
Hals, Frans, peintre baroque hollandais (entre 1580 et 1583-1666) : Portrait des Régentes de l’hospice de vieillards
*— Ça a l’air fait avec rien, reprit le peintre [Elstir], pas plus moyen de découvrir le truc que dans la Ronde ou les Régentes et c’est encore plus fort comme patte que Rembrandt et que Hals. Tout y est, mais non, je vous jure. (I, 181)
Inconnu, sculpteur grec de l’époque hellénistique (autour du IIIe siècle avant notre ère) : La Victoire de Samothrace
*«plus fort que la Ronde», blasphème [d’Elstir] qui avait provoqué une protestation de Mme Verdurin qui tenait la Ronde pour le plus grand chef-d’œuvre de l’univers avec la Neuvième et la Samothrace (I, 181)
Moreau, Gustave, peintre français symboliste (1826-1898): L’Apparition
*Un jour que des réflexions de ce genre le ramenaient encore au souvenir du temps où on lui avait parlé d’Odette comme d’une femme entretenue, et où une fois de plus il s’amusait à opposer cette personnification étrange : la femme entretenue — chatoyant amalgame d’éléments inconnus et diaboliques, serti, comme une apparition de Gustave Moreau, de fleurs vénéneuses entrelacées à des joyaux précieux — et cette Odette sur le visage de qui il avait vu passer les mêmes sentiments de pitié pour un malheureux, de révolte contre une injustice, de gratitude pour un bienfait, qu’il avait vu éprouver autrefois par sa propre mère, par ses amis, cette Odette dont les propos avaient si souvent trait aux choses qu’il connaissait le mieux lui-même, à ses collections, à sa chambre, à son vieux domestique, au banquier chez qui il avait ses titres, il se trouva que cette dernière image du banquier lui rappela qu’il aurait à y prendre de l’argent. (1, 190)
Botticelli (quinquies) : Madonna della Melagrana (Jésus jouant avec une grenade)
*Elle [Odette] rappelait ainsi plus encore qu’il ne le trouvait d’habitude, les figures de femmes du peintre de la Primavera. Elle avait en ce moment leur visage abattu et navré qui semble succomber sous le poids d’une douleur trop lourde pour elles, simplement quand elles laissent l’enfant Jésus jouer avec une grenade ou regardent Moïse verser de l’eau dans une auge. (I, 199)
Botticelli (sexies) : Les épreuves de Moïse (tirant l’eau du puits)
*Elle [Odette] rappelait ainsi plus encore qu’il ne le trouvait d’habitude, les figures de femmes du peintre de la Primavera. Elle avait en ce moment leur visage abattu et navré qui semble succomber sous le poids d’une douleur trop lourde pour elles, simplement quand elles laissent l’enfant Jésus jouer avec une grenade ou regardent Moïse verser de l’eau dans une auge. (I, 199)
Ver Meer : (quater) : [La Jeune femme à l’aiguière]
*[Odette à Swann :] «Avez-vous laissé seulement ici votre essai sur Ver Meer pour pouvoir l’avancer un peu demain ? Quel paresseux! Je vous ferai travailler, moi!» (I, 212)
Botticelli (septies) : Primavera
*plus de passion que l’esthéticien qui interroge les documents subsistant de la Florence du XVe siècle pour tâcher d’entrer plus avant dans l’âme de la Primavera, de la bella Vanna, ou de la Vénus, de Botticelli. (I, 223)
Botticelli (octies) : Bella Vanna
*plus de passion que l’esthéticien qui interroge les documents subsistant de la Florence du XVe siècle pour tâcher d’entrer plus avant dans l’âme de la Primavera, de la bella Vanna, ou de la Vénus, de Botticelli. (I, 223)
Botticelli (nonies) : Vénus
*plus de passion que l’esthéticien qui interroge les documents subsistant de la Florence du XVe siècle pour tâcher d’entrer plus avant dans l’âme de la Primavera, de la bella Vanna, ou de la Vénus, de Botticelli. (I, 223)
[Piombo : Le Martyre de sainte Agathe]
*La disposition particulière qu’il avait toujours eue à chercher des analogies entre les êtres vivants et les portraits des musées s’exerçait encore mais d’une façon plus constante et plus générale; c’est la vie mondaine tout entière, maintenant qu’il en était détaché, qui se présentait à lui comme une suite de tableaux. Dans le vestibule où, autrefois, quand il était un mondain, il entrait enveloppé dans son pardessus pour en sortir en frac, mais sans savoir ce qui s’y était passé, étant par la pensée, pendant les quelques instants qu’il y séjournait, ou bien encore dans la fête qu’il venait de quitter, ou bien déjà dans la fête où on allait l’introduire, pour la première fois il remarqua, réveillée par l’arrivée inopinée d’un invité aussi tardif, la meute éparse, magnifique et désœuvrée de grands valets de pied qui dormaient çà et là sur des banquettes et des coffres et qui, soulevant leurs nobles profils aigus de lévriers, se dressèrent et, rassemblés, formèrent le cercle autour de lui.
L’un d’eux, d’aspect particulièrement féroce et assez semblable à l’exécuteur dans certains tableaux de la Renaissance qui figurent des supplices, s’avança vers lui d’un air implacable pour lui prendre ses affaires. Mais la dureté de son regard d’acier était compensée par la douceur de ses gants de fil, si bien qu’en approchant de Swann il semblait témoigner du mépris pour sa personne et des égards pour son chapeau. (I, 230)
Mantegna, Andrea, peintre italien de la Renaissance (1431-1506) : [Miracle de saint Jacques, fresque de la chapelle Orevati, église des Eremati, Padoue]
*un grand gaillard en livrée rêvait, immobile, sculptural, inutile, comme ce guerrier purement décoratif qu’on voit dans les tableaux les plus tumultueux de Mantegna, songer, appuyé sur son bouclier, tandis qu’on se précipite et qu’on s’égorge à côté de lui (I, 230)
Mantegna (bis) : Rétable de San Zeno (panneau gauche)
*Il [le grand gaillard] semblait précisément appartenir à cette race disparue — ou qui peut-être n’exista jamais que dans le retable de San Zeno [de Mantegna, dans la basilique de Vérone] et les fresques des Eremitani [de Mantegna dans l’église des Ermites de Padoue] où Swann l’avait approchée et où elle rêve encore (I, 231)
Mantegna (ter) : Rétable de San Zeno (panneau droit)
*Il [le grand gaillard] semblait précisément appartenir à cette race disparue — ou qui peut-être n’exista jamais que dans le retable de San Zeno [de Mantegna, dans la basilique de Vérone] et les fresques des Eremitani [de Mantegna dans l’église des Ermites de Padoue] où Swann l’avait approchée et où elle rêve encore (I, 231)
Mantegna (quater) : Fresques des Eremitani
*Il [le grand gaillard] semblait précisément appartenir à cette race disparue — ou qui peut-être n’exista jamais que dans le retable de San Zeno [de Mantegna, dans la basilique de Vérone] et les fresques des Eremitani [de Mantegna dans l’église des Ermites de Padoue] où Swann l’avait approchée et où elle rêve encore (I, 231)
Dürer, Albrecht, peintre allemand (1471-1528) : [Saint George]
*Il [le grand gaillard] semblait précisément appartenir à cette race disparue — ou qui peut-être n’exista jamais que dans le retable de San Zeno et les fresques des Eremitani où Swann l’avait approchée et où elle rêve encore — issue de la fécondation d’une statue antique par quelque modèle padouan du Maître ou quelque saxon d’Albert Dürer. (I, 231)
[Sansovino, Jacopo], architecte et sculpteur italien (1486-1570), auteur des statues de Mercure et de Neptune en haut de l’Escalier des Géants au Palais des Doges de Venise : L’escalier
*D’autres encore, colossaux aussi, se tenaient sur les degrés d’un escalier monumental que leur présence décorative et leur immobilité marmoréenne auraient pu faire nommer comme celui du Palais Ducal : «l’Escalier des Géants» et dans lequel Swann s’engagea avec la tristesse de penser qu’Odette ne l’avait jamais gravi. (I, 231)
Goya , Francisco de, peintre espagnol (1746-1828) : [Portrait du torero Pedro Romero]
*Parvenu en haut de l’escalier le long duquel l’avait suivi un domestique à face blême, avec une petite queue de cheveux, noués d’un catogan, derrière la tête, comme un sacristain de Goya ou un tabellion du répertoire, Swann passa devant un bureau où des valets, assis comme des notaires devant de grands registres, se levèrent et inscrivirent son nom. (I, 232)
Cellini, Benvenuto, sculpteur florentin de la Renaissance (1500-1571) : [Ganymède]
*Il [Swann] traversa alors un petit vestibule qui — tel que certaines pièces aménagées par leur propriétaire pour servir de cadre à une seule œuvre d’art, dont elles tirent leur nom, et d’une nudité voulue, ne contiennent rien d’autre —, exhibait à son entrée, comme quelque précieuse effigie de Benvenuto Cellini représentant un homme de guet, un jeune valet de pied (I, 232)
Giotto (octies) : Vices et Vertus, Chapelle de l’Arena
*cependant, derrière le sien [son monocle], M. de Palancy qui avec sa grosse tête de carpe aux yeux ronds, se déplaçait lentement au milieu des fêtes, en desserrant d’instant en instant ses mandibules comme pour chercher son orientation, avait l’air de transporter seulement avec lui un fragment accidentel, et peut-être purement symbolique, du vitrage de son aquarium, partie destinée à figurer le tout qui rappela à Swann, grand admirateur des Vices et des Vertus de Giotto à Padoue, cet Injuste à côté duquel un rameau feuillu évoque les forêts où se cache son repaire. (I, 233)
Giotto (nonies) : L’Injustice (bis)
*cependant, derrière le sien [son monocle], M. de Palancy qui avec sa grosse tête de carpe aux yeux ronds, se déplaçait lentement au milieu des fêtes, en desserrant d’instant en instant ses mandibules comme pour chercher son orientation, avait l’air de transporter seulement avec lui un fragment accidentel, et peut-être purement symbolique, du vitrage de son aquarium, partie destinée à figurer le tout qui rappela à Swann, grand admirateur des Vices et des Vertus de Giotto à Padoue, cet Injuste à côté duquel un rameau feuillu évoque les forêts où se cache son repaire. (I, 233)
Maes, Nicolas, peintre hollandais (1634-1693) [Voir Vermeer, Diane et ses compagnes]
*Il [Swann] était persuadé qu’une «Toilette de Diane» qui avait été achetée par le Mauritshuis à la vente Goldschmidt comme un Nicolas Maes était en réalité de Ver Meer. (I, 252)
Bellini (ter) : Mahomet II (bis)
*Et Swann sentait bien près de son cœur ce Mahomet II dont il aimait le portrait par Bellini et qui, ayant senti qu’il était devenu amoureux fou d’une de ses femmes la poignarda afin, dit naïvement son biographe vénitien, de retrouver sa liberté d’esprit. (I, 253)
Machard, Jules-Louis, peintre français (1839-1900) : [Jeune femme en robe du soir]
*— Je ne vous demande pas, Monsieur, si un homme dans le mouvement comme vous, a vu, aux Mirlitons, le portrait de Machard qui fait courir tout Paris. Eh bien! qu’en dites-vous ? Êtes-vous dans le camp de ceux qui approuvent ou dans le camp de ceux qui blâment ? Dans tous les salons on ne parle que du portrait de Machard, on n’est pas chic, on n’est pas pur, on n’est pas dans le train, si on ne donne pas son opinion sur le portrait de Machard.
Swann ayant répondu qu’il n’avait pas vu ce portrait, Mme Cottard eut peur de l’avoir blessé en l’obligeant à le confesser.
— Ah! c’est très bien, au moins vous l’avouez franchement, vous ne vous croyez pas déshonoré parce que vous n’avez pas vu le portrait de Machard. Je trouve cela très beau de votre part. Hé bien, moi je l’ai vu, les avis sont partagés, il y en a qui trouvent que c’est un peu léché, un peu crème fouettée, moi, je le trouve idéal. Évidemment elle ne ressemble pas aux femmes bleues et jaunes de notre ami Biche. Mais je dois vous l’avouer franchement, vous ne me trouverez pas très fin de siècle, mais je le dis comme je le pense, je ne comprends pas.
Mon Dieu je reconnais les qualités qu’il y a dans le portrait de mon mari, c’est moins étrange que ce qu’il fait d’habitude mais il a fallu qu’il lui fasse des moustaches bleues. Tandis que Machard! Tenez justement le mari de l’amie chez qui je vais en ce moment (ce qui me donne le très grand plaisir de faire route avec vous) lui a promis s’il est nommé à l’Académie (c’est un des collègues du docteur) de lui faire faire son portrait par Machard. Évidemment c’est un beau rêve! I, 267)
Leloir, Maurice, peintre français (1853-1940) : [sans titre]
*[Mme Cottard à Swann :] j’ai une autre amie qui prétend qu’elle aime mieux Leloir. Je ne suis qu’une pauvre profane et Leloir est peut-être encore supérieur comme science. Mais je trouve que la première qualité d’un portrait, surtout quand il coûte 10.000 francs, est d’être ressemblant et d’une ressemblance agréable. (I, 267)
Angelico, Fra, peintre toscan du Quattrocento (vers 1400-1455) : Le Couronnement de la Vierge
*le rêve contraire du printemps le plus diapré, non pas le printemps de Combray qui piquait encore aigrement avec toutes les aiguilles du givre, mais celui qui couvrait déjà de lys et d’anémones les champs de Fiésole et éblouissait Florence de fonds d’or pareils à ceux de l’Angelico. (I, 274)
Giotto (decies) : [Le Sacrifice de Joachim]
*je fus contraint à faire sortir une cité surnaturelle de la fécondation, par certains parfums printaniers, de ce que je croyais être, en son essence, le génie de Giotto. Tout au plus — et parce qu’on ne peut pas faire tenir dans un nom beaucoup plus de durée que d’espace — comme certains tableaux de Giotto eux-mêmes qui montrent à deux moments différents de l’action un même personnage, ici couché dans son lit, (I, 277)
Giotto (undecies) : [Le Rêve de Joachim]
*je fus contraint à faire sortir une cité surnaturelle de la fécondation, par certains parfums printaniers, de ce que je croyais être, en son essence, le génie de Giotto. Tout au plus — et parce qu’on ne peut pas faire tenir dans un nom beaucoup plus de durée que d’espace — comme certains tableaux de Giotto eux-mêmes qui montrent à deux moments différents de l’action un même personnage, ici couché dans son lit, (I, 277)
Titien, Le (bis) : [Vénus d’Urbino]
*je pensais que déjà le Ponte-Vecchio était jonché à foison de jacinthes et d’anémones et que le soleil du printemps teignait déjà les flots du Grand Canal d’un si sombre azur et de si nobles émeraudes qu’en venant se briser aux pieds des peintures du Titien, ils pouvaient rivaliser de riche coloris avec elles. (I, 278)
Giorgione, peintre vénitien du Cinquecento (1478-1511) : [Judith]
*le dernier degré de l’allégresse; je l’atteignis enfin (ayant seulement alors la révélation que sur les rues clapotantes, rougies du reflet des fresques de Giorgione, ce n’était pas, comme j’avais, malgré tant d’avertissements, continué à l’imaginer, les hommes «majestueux et terribles comme la mer, portant leur armure aux reflets de bronze sous les plis de leur manteau sanglant» qui se promèneraient dans Venise la semaine prochaine, la veille de Pâques, mais que ce pourrait être moi le personnage minuscule que, dans une grande photographie de Saint-Marc qu’on m’avait prêtée, l’illustrateur avait représenté, en chapeau melon, devant les proches) (I, 279)
Poussin, Nicolas, peintre français (1594-1665) : [Le Printemps ou le Paradis terrestre]
*[Le nom de Gilberte Swann] passager céleste au milieu des enfants et des bonnes, un petit nuage d’une couleur précieuse, pareil à celui qui, bombé au-dessus d’un beau jardin du Poussin, reflète minutieusement comme un nuage d’opéra, plein de chevaux et de chars, quelque apparition de la vie des dieux (I, 280)
Guys, Constantin, peintre français (1802-1892) : [Une femme dans une victoria]
*je voyais enfin, débouchant de l’allée qui vient de la Porte Dauphine — image pour moi d’un prestige royal, d’une arrivée souveraine telle qu’aucune reine véritable n’a pu m’en donner l’impression dans la suite, parce que j’avais de leur pouvoir une notion moins vague et plus expérimentale — emportée par le vol de deux chevaux ardents, minces et contournés comme on en voit dans les dessins de Constantin Guys, portant établi sur son siège un énorme cocher fourré comme un cosaque, à côté d’un petit groom rappelant le «tigre» de «feu Baudenord», je voyais — ou plutôt je sentais imprimer sa forme dans mon cœur par une nette et épuisante blessure — une incomparable victoria, à dessein un peu haute et laissant passer à travers son luxe «dernier cri» des allusions aux formes anciennes, au fond de laquelle reposait avec abandon Mme Swann (I, 299)
Michel-Ange, peintre et sculpteur de la Renaissance italienne (1475-1564) : La Création des astres
*les arbres continuaient à vivre de leur vie propre et quand ils n’avaient plus de feuilles, elle brillait mieux sur le fourreau de velours vert qui enveloppait leurs troncs ou dans l’émail blanc des sphères de gui qui étaient semées au faîte des peupliers, rondes comme le soleil et la lune dans la Création de Michel-Ange. (I, 301)