Retour dans une inchangée hostellerie près de Balbec
Ici, rien (ou presque) n’a changé depuis Marcel Proust — et bien au-delà…
Ici, c’est à l’Hostellerie Guillaume le Conquérant, à Dives-sur-Mer.
Et cette chronique est presque la même que celle du 5 octobre 2014.
Relire La Prisonnière :
*tout le monde a connu à Dives un restaurateur normand, propriétaire de « Guillaume le Conquérant », qui s’était bien gardé — chose très rare — de donner à son hôtellerie le luxe moderne d’un hôtel et qui, lui-même millionnaire, gardait le parler, la blouse d’un paysan normand et vous laissait venir le voir faire lui-même, dans la cuisine, comme à la campagne, un dîner qui n’en était pas moins infiniment meilleur et encore plus cher que dans les plus grands palaces.
En 1066, le Normand Guillaume — que, dans Du côté de chez Swann, le curé de Combray appelle Guilôme — rassemble une flotte dans l’estuaire de la Dives pour la conquête de l’Angleterre dont il va devenir le roi.
Dès le XIIe siècle, un restaurant ouvre à l’emplacement de l’actuel établissement. Aujourd’hui, on vient encore s’y restaurer.
Est-ce cher ? Pas vraiment plus cher que dans les palaces.
J’y avais dîné à l’automne. J’y ai déjeuné cet hiver. Et j’y ai repris au dessert la « Tourte Guillaume » : fond de feuilletage, pommes et raisins macérés dans du calva, blancs montés en neige avec une pâte d’amande.
Cette tarte-tourte est (paraît-il) exactement celle que les maîtres-queues médiévaux confectionnaient.
Rien ne change, vous-dis-je !
Parole de proustiste…
Patrice Louis