Œuvres d’art II – À l’ombre des jeunes filles en fleurs

À l’ombre des jeunes filles en fleurs

Titien, Tiziano Vecelli, dit Le, peintre vénitien de la Renaissance (vers 1488-1576) : Assomption de la Vierge

Titien, Tiziano Vecelli, dit Le, peintre vénitien de la Renaissance (vers 1488-1576) : Assomption de la Vierge

*J’aurais le même ravissement que le jour où une gondole m’emmènerait au pied du Titien des Frari ou des Carpaccio de San Giorgio dei Schiavoni, (II, 8)

Carpaccio (bis) : San Giorgio (1)

Carpaccio (bis) : San Giorgio (1)

*J’aurais le même ravissement que le jour où une gondole m’emmènerait au pied du Titien des Frari ou des Carpaccio de San Giorgio dei Schiavoni, (II, 8)

Carpaccio (ter) : San Giorgio (2) 

Carpaccio (ter) : San Giorgio (2) 

*Un Carpaccio à Venise, la Berma dans Phèdre, chefs-d’œuvre d’art pictural ou dramatique que le prestige qui s’attachait à eux rendait en moi si vivants, c’est-à-dire si indivisibles, que si j’avais été voir des Carpaccio dans une salle du Louvre ou la Berma dans quelque pièce dont je n’aurais jamais entendu parler, je n’aurais plus éprouvé le même étonnement délicieux d’avoir enfin les yeux ouverts devant l’objet inconcevable et unique de tant de milliers de mes rêves. (II, 8)

Michel-Ange (bis) : Monument de Jules II

Michel-Ange (bis) : Monument de Jules II

*elle [Françoise] allait elle-même aux Halles se faire donner les plus beaux carrés de romsteck, de jarret de bœuf, de pied de veau, comme Michel-Ange passant huit mois dans les montagnes de Carrare à choisir les blocs de marbre les plus parfaits pour le monument de Jules II. (II, 11)

Michel-Ange (ter) : Tombeau des Médicis

Michel-Ange (ter) : Tombeau des Médicis

*Françoise dépensait dans ces allées et venues une telle ardeur que maman voyant sa figure enflammée craignait que notre vieille servante ne tombât malade de surmenage comme l’auteur du Tombeau des Médicis dans les carrières de Pietrasanta. (II, 11)

Vinci (bis) : La Joconde

Vinci (bis) : La Joconde

*«Au moins, disait à côté de moi une femme assez commune, elle se dépense celle-là, elle se frappe à se faire mal, elle court, parlez-moi de ça, c’est jouer.» Et heureux de trouver ces raisons de la supériorité de la Berma, tout en me doutant qu’elles ne l’expliquaient pas plus que celle de la Joconde, ou du Persée de Benvenuto l’exclamation d’un paysan : «C’est bien fait tout de même! c’est tout en or, et du beau! quel travail!» (II, 15)

Cellini (bis) : [Persée tenant la tête de la Méduse]

Cellini (bis) : [Persée tenant la tête de la Méduse]

*«Au moins, disait à côté de moi une femme assez commune, elle se dépense celle-là, elle se frappe à se faire mal, elle court, parlez-moi de ça, c’est jouer.» Et heureux de trouver ces raisons de la supériorité de la Berma, tout en me doutant qu’elles ne l’expliquaient pas plus que celle de la Joconde, ou du Persée de Benvenuto l’exclamation d’un paysan : «C’est bien fait tout de même! c’est tout en or, et du beau! quel travail!» (II, 15)

Carraches (les) : peintres italiens de la Renaissance, décorateurs d’une galerie du palais Farnèse, qui abrite l’ambassade de France à Rome : la fresque

Carraches (les) : peintres italiens de la Renaissance, décorateurs d’une galerie du palais Farnèse, qui abrite l’ambassade de France à Rome : la fresque

*[Norpois au père du Héros :] on parle de l’envoyer [Vaugoubert] à Rome, ce qui est un bel avancement, mais un bien gros morceau. Entre nous, je crois que Vaugoubert, si dénué qu’il soit d’ambition en serait fort content et ne demande nullement qu’on éloigne de lui ce calice. Il fera peut-être merveille là-bas; il est le candidat de la Consulta, et pour ma part, je le vois très bien, lui artiste, dans le cadre du palais Farnèse et la galerie des Carraches. (II, 22)

Ver Meer (quinquies) : [L’Astronome]

Ver Meer (quinquies) : [L’Astronome]

*en ce qui concerne Odette on aurait pu se rendre compte que si, certes elle n’avait jamais entièrement compris l’intelligence de Swann, du moins savait-elle les titres, tout le détail de ses travaux, au point que le nom de Ver Meer lui était aussi familier que celui de son couturier (II, 28)

Vinci (ter) : [Étude de fleurs]

Vinci (ter) : [Étude de fleurs]

*n’espérant point obtenir un morceau vrai de ces nattes, si au moins j’avais pu en posséder la photographie, combien plus précieuse que celle de fleurettes dessinées par le Vinci! (II, 53)

Gérôme, Jean-Léon, peintre académique français (1824-1904) : [Pygmalion et Galatée]

*Elle [Gilberte] grignotait, assise de côté sur un siège en forme d’x et placé de travers. Même, comme si elle eût pu avoir tant de petits fours à sa disposition, sans avoir demandé la permission à sa mère, quand Mme Swann — dont le «jour» coïncidait d’ordinaire avec les goûters de Gilberte — après avoir reconduit une visite, entrait, un moment après, en courant, quelquefois habillée de velours bleu, souvent dans une robe en satin noir couverte de dentelles blanches, elle disait d’un air étonné : — Tiens, ça a l’air bon ce que vous mangez là, cela me donne faim de vous voir manger du cake. — Eh bien, maman, nous vous invitons, répondait Gilberte. — Mais non, mon trésor, qu’est-ce que diraient mes visites, j’ai encore Mme Trombert, Mme Cottard et Mme Bontemps, tu sais que chère Mme Bontemps ne fait pas des visites très courtes et elle vient seulement d’arriver.

Qu’est-ce qu’ils diraient toutes ces bonnes gens de ne pas me voir revenir ? S’il ne vient plus personne, je reviendrai bavarder avec vous (ce qui m’amusera beaucoup plus) quand elles seront parties. Je crois que je mérite d’être un peu tranquille, j’ai eu quarante-cinq visites et sur quarante-cinq il y en a eu quarante-deux qui ont parlé du tableau de Gérôme! (II, 56)

Vinci (quater) : La Joconde (bis)

*D’ailleurs, aux œuvres que possédait Swann, il suffisait pour moi qu’elles fussent situées chez lui, y fissent partie de l’heure délicieuse qui précédait le déjeuner. La Joconde se serait trouvée là qu’elle ne m’eût pas fait plus de plaisir qu’une robe de chambre de Mme Swann, ou ses flacons de sel. (II, 70)

« Révolutions » :Impressionnisme : Monet : [Impressions Soleil levant]

« Révolutions » :Impressionnisme : Monet : [Impressions Soleil levant]

Dissonance : Kandinsky : [Sketch pour Composition II]

Dissonance : Kandinsky : [Sketch pour Composition II]

Gamme chinoise : Watteau : [Embarquement pour Cythère]

Cubisme : Picasso : [le Joueur de guitare]

Futurisme : Boccioni : [Kaupunki Kohoaa]

*Sans doute, il est aisé de s’imaginer dans une illusion analogue à celle qui uniformise toutes choses à l’horizon, que toutes les révolutions qui ont eu lieu jusqu’ici dans la peinture ou la musique respectaient tout de même certaines règles et que ce qui est immédiatement devant nous, impressionnisme, recherche de la dissonance, emploi exclusif de la gamme chinoise, cubisme, futurisme, diffère outrageusement de ce qui a précédé. (II, 73)

Ver Meer (sexies) : [Une Dame assise au virginal]

Ver Meer (sexies) : [Une Dame assise au virginal]

*Mme Swann se mit à rire : «C’est une dame [Mme de Cambremer] qui passe pour avoir été très éprise de Charles», m’expliqua-t-elle du même ton dont, un peu avant, en parlant de Ver Meer de Delft, que j’avais été étonné de voir qu’elle connaissait, elle m’avait répondu : «C’est que je vous dirai que Monsieur s’occupait beaucoup de ce peintre-là au moment où il me faisait la cour. N’est-ce pas, mon petit Charles ? (II, 75)

Bartolomeo Fra, peintre florentin de la Renaissance (1472-1517) : Savonarole

Bartolomeo Fra, peintre florentin de la Renaissance (1472-1517) : Savonarole

*[Mme Swann :] Mme Blatin! Je trouve très humiliant pour nous qu’elle passe pour notre amie. Pensez que le bon Docteur Cottard qui ne dit jamais de mal de personne déclare lui-même qu’elle est infecte.» «Quelle horreur! Elle n’a pour elle que de ressembler tellement à Savonarole. C’est exactement le portrait de Savonarole par Fra Bartolomeo.» (II, 75)

Gozzoli (bis) : Cortège des Rois Mages (figurant les Médicis)

*Mais si on avait écouté Swann, les cortèges des rois mages déjà si anachroniques quand Benozzo Gozzoli y introduisait les Médicis, l’eussent été davantage encore puisqu’ils eussent contenu les portraits d’une foule d’hommes, contemporains non de Gozzoli, mais de Swann c’est-à-dire postérieurs non plus seulement de quinze siècles à la Nativité, mais de quatre au peintre lui-même. (II, 75)

Winterhalter, Franz Xaver, peintre académique allemand (1805-1873) : La Princesse Mathilde

Winterhalter, Franz Xaver, peintre académique allemand (1805-1873) : La Princesse Mathilde

*Swann se découvrit, Mme Swann s’abaissa en une révérence et voulut baiser la main de la dame [la princesse Mathilde Bonaparte] pareille à un portrait de Winterhalter qui la releva et l’embrassa. (II, 80)

Inconnu, peinture grec sur vase (date inconnue) : Hespéride

Inconnu, peinture grec sur vase (date inconnue) : Hespéride

*Ce premier jour où je le vis chez les parents de Gilberte, je racontai à Bergotte que j’avais entendu récemment la Berma dans Phèdre; il me dit que dans la scène où elle reste le bras levé à la hauteur de l’épaule — précisément une des scènes où on avait tant applaudi — elle avait su évoquer avec un art très noble des chefs-d’œuvre qu’elle n’avait peut-être d’ailleurs jamais vus, une Hespéride qui fait ce geste sur une métope d’Olympie, et aussi les belles vierges de l’ancien Érechthéion [temple de l’Acropole]. (II, 93)

Inconnu, sculpteur grec (Ve siècle avant notre ère) : Stèle d’Hêgêso

Inconnu, sculpteur grec (Ve siècle avant notre ère) : Stèle d’Hêgêso

*— Vous pensez aux Cariatides ? demanda Swann. — Non, non, dit Bergotte, sauf dans la scène où elle avoue sa passion à Œnone et où elle fait avec la main le mouvement d’Hêgêso dans la stèle du Céramique, c’est un art bien plus ancien qu’elle ranime. (II, 93)

[Phidias, architecte et sculpteur grec (490—430 avant notre ère)] : Koraï d’Erechtéion : Cariatides de l’Acropole [statues de femmes, d’abord appelées koraï, jeune fille en grec]

[Phidias, architecte et sculpteur grec (490—430 avant notre ère)] : Koraï d’Erechtéion : Cariatides de l’Acropole [statues de femmes, d’abord appelées koraï, jeune fille en grec]

*Ce premier jour où je le vis chez les parents de Gilberte, je racontai à Bergotte que j’avais entendu récemment la Berma dans Phèdre; il me dit que dans la scène où elle reste le bras levé à la hauteur de l’épaule — précisément une des scènes où on avait tant applaudi — elle avait su évoquer avec un art très noble des chefs-d’œuvre qu’elle n’avait peut-être d’ailleurs jamais vus, une Hespéride qui fait ce geste sur une métope d’Olympie, et aussi les belles vierges de l’ancien Érechthéion. — Ce peut être une divination, je me figure pourtant qu’elle va dans les musées.

Ce serait intéressant à «repérer» (repérer était une de ces expressions habituelles à Bergotte et que tels jeunes gens qui ne l’avaient jamais rencontré lui avaient prises, parlant comme lui par une sorte de suggestion à distance). — Vous pensez aux Cariatides ? demanda Swann. — Non, non, dit Bergotte, sauf dans la scène où elle avoue sa passion à Œnone et où elle fait avec la main le mouvement d’Hêgêso dans la stèle du Céramique, c’est un art bien plus ancien qu’elle ranime. Je parlais des Koraï [pluriel de korê, jeune fille] de l’ancien Érechthéion, (II, 93)

Luini, Bernardino, peintre lombard de la Renaissance (1481-1532) : L’Adoration des Mages

Luini, Bernardino, peintre lombard de la Renaissance (1481-1532) : L’Adoration des Mages

*dans la fresque de Luini, le charmant roi mage, au nez busqué, aux cheveux blonds, et avec lequel on lui [Swann] avait trouvé autrefois paraît-il, une grande ressemblance (II, 102)

Watteau (bis) : [Le Rêve de l’artiste]

*Maintenant c’était plus rarement dans des robes de chambre japonaises qu’Odette recevait ses intimes, mais plutôt dans les soies claires et mousseuses de peignoirs Watteau desquelles elle faisait le geste de caresser sur ses seins l’écume fleurie, et dans lesquelles elle se baignait, se prélassait, s’ébattait (II, 133)

Vinci (quinquies) : La Joconde (ter)

*Elle [Odette] avait l’habitude de dire qu’elle se passerait plus aisément de pain que d’art et de propreté, et qu’elle eût été plus triste de voir brûler la Joconde que des «foultitudes» de personnes qu’elle connaissait. (II, 134)

[Variante due au sculpteur Alberto Giacometti : « Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat. »]

Botticelli (decies) : La Madone du Magnificat

Botticelli (decies) : La Madone du Magnificat

*sans doute Swann, fidèle ou revenu à une conception différente, goûtait-il dans la jeune femme grêle aux yeux pensifs, aux traits las, à l’attitude suspendue entre la marche et l’immobilité, une grâce plus botticellienne. Il aimait encore en effet à voir en sa femme un Botticelli. Odette qui au contraire cherchait non à faire ressortir mais à compenser, à dissimuler ce qui, en elle-même, ne lui plaisait pas, ce qui était peut-être, pour un artiste, son «caractère», mais que comme femme, elle trouvait des défauts, ne voulait pas entendre parler de ce peintre. Swann possédait une merveilleuse écharpe orientale, bleue et rose, qu’il avait achetée parce que c’était exactement celle de la vierge du Magnificat. Mais Mme Swann ne voulait pas la porter.

Une fois seulement elle laissa son mari lui commander une toilette toute criblée de pâquerettes, de bluets, de myosotis et de campanules d’après la Primavera du Printemps. Parfois, le soir, quand elle était fatiguée, il me faisait remarquer tout bas comme elle donnait sans s’en rendre compte à ses mains pensives, le mouvement délié, un peu tourmenté de la Vierge qui trempe sa plume dans l’encrier que lui tend l’ange, avant d’écrire sur le livre saint où est déjà tracé le mot «Magnificat». Mais il ajoutait : «Surtout ne le lui dites pas, il suffirait qu’elle le sût pour qu’elle fît autrement.» (II, 134-135)

Botticelli (undecies) : Primavera (bis)

Botticelli (undecies) : Primavera (bis)

*Une fois seulement elle [Odette] laissa son mari lui commander une toilette toute criblée de pâquerettes, de bluets, de myosotis et de campanules d’après la Primavera du Printemps. (II, 135)

Mantegna (quinquies) : Le Calvaire, prédelle du rétable de San Zeno

Mantegna (quinquies) : Le Calvaire, prédelle du rétable de San Zeno

*un de ces grands ateliers vitrés, comme celui de Saint-Lazare où j’allai chercher le train de Balbec, et qui déployait au-dessus de la ville éventrée un de ces immenses ciels crus et gros de menaces amoncelées de drame, pareils à certains ciels, d’une modernité presque parisienne, de Mantegna ou de Véronèse, et sous lequel ne pouvait s’accomplir que quelque acte terrible et solennel comme un départ en chemin de fer ou l’érection de la Croix. (II, 154)

Véronèse, Paolo Caliari, dit, peintre maniériste italien (1528-1588) : Le Calvaire

Véronèse, Paolo Caliari, dit, peintre maniériste italien (1528-1588) : Le Calvaire

*un de ces grands ateliers vitrés, comme celui de Saint-Lazare où j’allai chercher le train de Balbec, et qui déployait au-dessus de la ville éventrée un de ces immenses ciels crus et gros de menaces amoncelées de drame, pareils à certains ciels, d’une modernité presque parisienne, de Mantegna ou de Véronèse, et sous lequel ne pouvait s’accomplir que quelque acte terrible et solennel comme un départ en chemin de fer ou l’érection de la Croix. (II, 154)

Chardin, Jean Siméon, peintre français (1699-1779) : [Portrait de Madame Chardin]

Chardin, Jean Siméon, peintre français (1699-1779) : [Portrait de Madame Chardin]

*le nœud de velours, la coque de ruban qui eussent ravi dans un portrait de Chardin ou de Whistler, Françoise les avait placés avec un goût infaillible et naïf sur le chapeau devenu charmant. (II, 157)

Whistler, James Abbott Mc Neill, peintre américain lié au mouvement symbolique et impressionniste (1834-1903) : [Portrait de Lady Meux]

Whistler, James Abbott Mc Neill, peintre américain lié au mouvement symbolique et impressionniste (1834-1903) : [Portrait de Lady Meux]

*le nœud de velours, la coque de ruban qui eussent ravi dans un portrait de Chardin ou de Whistler, Françoise les avait placés avec un goût infaillible et naïf sur le chapeau devenu charmant. (II, 157)

[Bourdichon, Jean, enlumineur français (1457-1521)] : Anne de Bretagne recevant le dominicain Antoine Dufour]

[Bourdichon, Jean, enlumineur français (1457-1521)] : Anne de Bretagne recevant le dominicain Antoine Dufour]

*Pour remonter à un temps plus ancien, la modestie et l’honnêteté qui donnaient souvent de la noblesse souvent au visage de notre vieille servante ayant gagné les vêtements que, en femme réservée mais sans bassesse, qui sait «tenir son rang et garder sa place», elle avait revêtus pour le voyage afin d’être digne d’être vue avec nous sans avoir l’air de chercher à se faire voir, Françoise, dans le drap cerise mais passé de son manteau et les poils sans rudesse de son collet de fourrure, faisait penser à quelqu’une de ces images d’Anne de Bretagne peintes dans des livres d’Heures par un vieux maître, et dans lesquelles tout est si bien en place, le sentiment de l’ensemble s’est si également répandu dans toutes les parties que la riche et désuète singularité du costume exprime la même gravité pieuse que les yeux, les lèvres et les mains. (II, 157)

[Duccio di Buoninsegna] primitif toscan (vers 1255-vers 1318) : [Résurrection de Lazare]

*Fenêtre à laquelle je devais ensuite me mettre chaque matin comme au carreau d’une diligence dans laquelle on a dormi, pour voir si pendant la nuit s’est rapprochée ou éloignée une chaîne désirée, — ici ces collines de la mer qui avant de revenir vers nous en dansant, peuvent reculer si loin que souvent ce n’était qu’après une longue plaine sablonneuse que j’apercevais à une grande distance leurs premières ondulations, dans un lointain transparent, vaporeux et bleuâtre comme ces glaciers qu’on voit au fond des tableaux des primitifs toscans. (II, 173)

Greco, Domenico Theotocopuli, dit El, peintre grec fondateur de l’École espagnole (1548-1625) : [La Vue de Tolède]

*[Mme de Villeparisis au Héros :]  Je crois que votre père avancera son retour à la semaine prochaine car il renoncera probablement à aller à Algésiras. Mais il a envie de consacrer un jour de plus à Tolède car il est admirateur d’un élève de Titien dont je ne me rappelle pas le nom et qu’on ne voit bien que là.

Et je me demandais par quel hasard dans la lunette indifférente à travers laquelle Mme de Villeparisis considérait d’assez loin l’agitation sommaire, minuscule et vague de la foule des gens qu’elle connaissait, se trouvait intercalé à l’endroit où elle considérait mon père, un morceau de verre prodigieusement grossissant qui lui faisait voir avec tant de relief et dans le plus grand détail tout ce qu’il avait d’agréable, les contingences qui le forçaient à revenir, ses ennuis de douane, son goût pour le Greco (II, 194)

Moreau (bis) : Jupiter et Sèmélé

Moreau (bis) : Jupiter et Sèmélé

*ce seul homme si grand au milieu des autres, tout petits, comme ce Jupiter à qui Gustave Moreau a donné, quand il l’a peint à côté d’une faible mortelle, une stature plus qu’humaine. (II, 194)

Titien, Le (quater) : [Flora]

Titien, Le (quater) : [Flora]

*Elle [Mme de Villeparisis] fut contente que ma grand’mère aimât un collier qu’elle portait et qui dépassait de sa robe. Il était dans le portrait d’une bisaïeule à elle, par Titien, et qui n’était jamais sorti de la famille. Comme cela on était sûr que c’était un vrai. (II, 199)

Bagard, César, sculpteur français (1620-1709) : [La Sainte Famille]

Bagard, César, sculpteur français (1620-1709) : [La Sainte Famille]

*[Mme de Villeparisis au Héros :] l’encadrement de notre porte qui avait de jolies boiseries, je crois que c’est Bagard qui faisait cela, vous savez ces fines baguettes si souples que l’ébéniste parfois leur faisait former des petites coques, et des fleurs, comme des rubans qui nouent un bouquet. (II, 210-211)

Carrière, Eugène, peintre français (1849-1906) : [Femme accoudée à sa table]

Carrière, Eugène, peintre français (1849-1906) : [Femme accoudée à sa table]

*[Saint-Loup :] un portrait bien touchant de ma tante par Carrière. (II, 232)

Whistler (bis) : [Neige à Chelsea]

Whistler (bis) : [Neige à Chelsea]

*Mais il y a à Guermantes, ce qui est un peu plus intéressant! un portrait bien touchant de ma tante par Carrière. C’est beau comme du Whistler ou du Velasquez, ajouta Saint-Loup qui dans son zèle de néophyte ne gardait pas toujours très exactement l’échelle des grandeurs. Il y a aussi d’émouvantes peintures de Gustave Moreau. (II, 232)

Velasquez, Diego, peintre baroque espagnol (1599-1660) : [Les Ménines]

Velasquez, Diego, peintre baroque espagnol (1599-1660) : [Les Ménines]

*Mais il y a à Guermantes, ce qui est un peu plus intéressant! un portrait bien touchant de ma tante par Carrière. C’est beau comme du Whistler ou du Velasquez, ajouta Saint-Loup qui dans son zèle de néophyte ne gardait pas toujours très exactement l’échelle des grandeurs. Il y a aussi d’émouvantes peintures de Gustave Moreau. (II, 232)

Moreau (ter) : [Orphée]

Moreau (ter) : [Orphée]

*Mais il y a à Guermantes, ce qui est un peu plus intéressant! un portrait bien touchant de ma tante par Carrière. C’est beau comme du Whistler ou du Velasquez, ajouta Saint-Loup qui dans son zèle de néophyte ne gardait pas toujours très exactement l’échelle des grandeurs. Il y a aussi d’émouvantes peintures de Gustave Moreau. (II, 232)

Raphaël, Raphaello Sanzio, peintre italien de la Renaissance (1483-1520) : [Autoportrait avec un ami]

Raphaël, Raphaello Sanzio, peintre italien de la Renaissance (1483-1520) : [Autoportrait avec un ami]

*Possédant comme descendant des ducs de Nemours et des princes de Lamballe, des archives, des meubles, des tapisseries, des portraits faits pour ses aïeux par Raphaël, par Velasquez, par Boucher, pouvant dire justement qu’il visitait un musée et une incomparable bibliothèque, rien qu’en parcourant ses souvenirs de famille, (II, 233)

Velasquez (bis) : [Innocent X]

Velasquez (bis) : [Innocent X]

*Possédant comme descendant des ducs de Nemours et des princes de Lamballe, des archives, des meubles, des tapisseries, des portraits faits pour ses aïeux par Raphaël, par Velasquez, par Boucher, pouvant dire justement qu’il visitait un musée et une incomparable bibliothèque, rien qu’en parcourant ses souvenirs de famille, (II, 233)

Boucher, François, peintre rococo français (1703-1770) : [Portrait de jeune femme appuyée sur une corbeille de fleurs]

Boucher, François, peintre rococo français (1703-1770) : [Portrait de jeune femme appuyée sur une corbeille de fleurs]

*Possédant comme descendant des ducs de Nemours et des princes de Lamballe, des archives, des meubles, des tapisseries, des portraits faits pour ses aïeux par Raphaël, par Velasquez, par Boucher, pouvant dire justement qu’il visitait un musée et une incomparable bibliothèque, rien qu’en parcourant ses souvenirs de famille, (II, 233)

Lebourg, Albert, peintre français de l’École de Rouen (1849-1928) : [Le Pré aux loups, Rouen]

Lebourg, Albert, peintre français de l’École de Rouen (1849-1928) : [Le Pré aux loups, Rouen]

*M. de Charlus, lequel avait fait transporter chez lui une grande partie des admirables boiseries de l’hôtel Guermantes au lieu de les échanger comme son neveu contre un mobilier modern style, des Lebourg et des Guillaumin. (II, 234)

Guillaumin, Armand, peintre impressionniste français (1841-1927) : [Chemin creux, effet de neige]

Guillaumin, Armand, peintre impressionniste français (1841-1927) : [Chemin creux, effet de neige]

*M. de Charlus, lequel avait fait transporter chez lui une grande partie des admirables boiseries de l’hôtel Guermantes au lieu de les échanger comme son neveu contre un mobilier modern style, des Lebourg et des Guillaumin. (II, 234)

Lenôtre, André, dessinateur de jardins (1613-1700) : [Jardin]

Lenôtre, André, dessinateur de jardins (1613-1700) : [Jardin]

*Il [Charlus] raconta qu’une demeure qui avait appartenu à sa famille, où Marie-Antoinette avait couché, dont le parc était de Lenôtre, appartenait maintenant aux riches financiers Israël, qui l’avaient achetée. […] «Imaginez-vous, reprit-il, que ces gens ont commencé par détruire le parc de Lenôtre, ce qui est aussi coupable que de lacérer un tableau de Poussin. Pour cela, ces Israël devraient être en prison. Il est vrai, ajouta-t-il en souriant après un moment de silence, qu’il y a sans doute tant d’autres choses pour lesquelles ils devraient y être! En tous cas vous vous imaginez l’effet que produit devant ces architectures un jardin anglais.

— Mais la maison est du même style que le Petit Trianon, dit Mme de Villeparisis, et Marie-Antoinette y a bien fait faire un jardin anglais.

— Qui dépare tout de même la façade de Gabriel, répondit M. de Charlus. Évidemment ce serait maintenant une sauvagerie que de détruire le Hameau. Mais quel que soit l’esprit du jour, je doute tout de même qu’à cet égard une fantaisie de Mme Israël ait le même prestige que le souvenir de la Reine. (II, 239)

Poussin (bis) : [La Fuite en Égypte]

Poussin (bis) : [La Fuite en Égypte]

*[Charlus] Avoir été la demeure des Guermantes et appartenir aux Israël!!! s’écria-t-il. […] «Imaginez-vous, reprit-il, que ces gens ont commencé par détruire le parc de Lenôtre, ce qui est aussi coupable que de lacérer un tableau de Poussin. (II, 239)

[Rossetti, Dante Gabriel, peintre britannique (1828-1882) : Ecce Ancilla Domini

[Rossetti, Dante Gabriel, peintre britannique (1828-1882) : Ecce Ancilla Domini

*quand elle [Rachel] était apparue, un grand lys à la main, dans un costume copié de l’«Ancilla Domini» et qu’elle avait persuadé à Robert être une véritable «vision d’art», son entrée avait été accueillie dans cette assemblée d’hommes de cercles et de duchesses par des sourires que le ton monotone de la psalmodie, la bizarrerie de certains mots, leur fréquente répétition avaient changés en fous rires, d’abord étouffés, puis si irrésistibles que la pauvre récitante n’avait pu continuer. (II, 253)

[Dürer (bis) :] L’Adoration des Mages

[Dürer (bis) :] L’Adoration des Mages

*Elles [des jeunes filles à Balbec] n’étaient plus loin de moi. Quoique chacune fût d’un type absolument différent des autres, elles avaient toutes de la beauté; mais, à vrai dire, je les voyais depuis si peu d’instants et sans oser les regarder fixement que je n’avais encore individualisé aucune d’elles. Sauf une, que son nez droit, sa peau brune mettaient en contraste au milieu des autres comme dans quelque tableau de la Renaissance, un roi Mage de type arabe, elles ne m’étaient connues, l’une que par une paire d’yeux durs, butés et rieurs; une autre que par des joues où le rose avait cette teinte cuivrée qui évoque l’idée de géranium (II, 257)

Rembrandt (ter) : Jésus et la Samaritaine au puits

Rembrandt (ter) : Jésus et la Samaritaine au puits

*d’habitude, car mon zèle et ma timidité du premier jour étaient loin, je ne parlais plus au lift. C’était lui maintenant qui restait sans recevoir de réponses dans la courte traversée dont il filait les nœuds à travers l’hôtel, évidé comme un jouet et qui déployait autour de nous, étage par étage, ses ramifications de couloirs dans les profondeurs desquels la lumière se veloutait, se dégradait, amincissait les portes de communication ou les degrés des escaliers intérieurs qu’elle convertissait en cette ambre dorée, inconsistante et mystérieuse comme un crépuscule, où Rembrandt découpe tantôt l’appui d’une fenêtre ou la manivelle d’un puits. (II, 264)

Pisanello, peintre de la Renaissance italienne et du Quattrocento (vers 1395-vers 1455) : [Oiseau]

Pisanello, peintre de la Renaissance italienne et du Quattrocento (vers 1395-vers 1455) : [Oiseau]

*J’entrai dans ma chambre. Au fur et à mesure que la saison s’avança, changea le tableau que j’y trouvais dans la fenêtre. D’abord il faisait grand jour, et

sombre seulement s’il faisait mauvais temps; alors, dans le verre glauque et qu’elle boursoufflait de ses vagues rondes, la mer, sertie entre les montants de fer de ma croisée comme dans les plombs d’un vitrail, effilochait sur toute la profonde bordure rocheuse de la baie des triangles empennés d’une immobile écume linéamentée avec la délicatesse d’une plume ou d’un duvet dessinés par Pisanello, et fixés par cet émail blanc, inaltérable et crémeux qui figure une couche de neige dans les verreries de Gallé. (II, 266)

Gallé, Émile, verrier d’art français (1846-1904) : [Vase]

Gallé, Émile, verrier d’art français (1846-1904) : [Vase]

*J’entrai dans ma chambre. Au fur et à mesure que la saison s’avança, changea le tableau que j’y trouvais dans la fenêtre. D’abord il faisait grand jour, et sombre seulement s’il faisait mauvais temps; alors, dans le verre glauque et qu’elle boursoufflait de ses vagues rondes, la mer, sertie entre les montants de fer de ma croisée comme dans les plombs d’un vitrail, effilochait sur toute la profonde bordure rocheuse de la baie des triangles empennés d’une immobile écume linéamentée avec la délicatesse d’une plume ou d’un duvet dessinés par Pisanello, et fixés par cet émail blanc, inaltérable et crémeux qui figure une couche de neige dans les verreries de Gallé. (II, 266)

Whistler (ter) : Crépuscule en opale : Trouville

Whistler (ter) : Crépuscule en opale : Trouville

*parfois, sur le ciel et la mer uniformément gris, un peu de rose s’ajoutait avec un raffinement exquis, cependant qu’un petit papillon qui s’était endormi au bas de la fenêtre semblait apposer avec ses ailes au bas de cette «harmonie gris et rose» dans le goût de celles de Whistler, la signature favorite du maître de Chelsea. (II, 268)

Giotto (duodecies) : [Le Jugement Dernier]

*Cet être, une fois de plus je le fabriquais en utilisant pour cela le nom de Simonet et le souvenir de l’harmonie qui régnait entre les jeunes corps que j’avais vus se déployer sur la plage, en une procession sportive, digne de l’antique et de Giotto. (II, 269)

Hogarth, William, peintre anglais (1697-1764) : La Famille Jeffreys

Hogarth, William, peintre anglais (1697-1764) : La Famille Jeffreys

*nous croisâmes une jeune fille qui, tête basse comme un animal qu’on fait rentrer malgré lui dans l’étable, et tenant des clubs de golf, marchait devant une personne autoritaire, vraisemblablement son «anglaise», ou celle d’une de ses amies, laquelle ressemblait au portrait de Jeffries par Hogarth, le teint rouge comme si sa boisson favorite avait été plutôt le gin que le thé, et prolongeant par le croc noir d’un reste de chique une moustache grise, mais bien fournie (II, 284)

Redon, Odilon, peintre symboliste français (1840-1916) : [Tête flottant dans un paysage] [Assomption]

Redon, Odilon, peintre symboliste français (1840-1916) : [Tête flottant dans un paysage] [Assomption]

*[Elstir au Héros :] Il y a certaines paroles de l’office de l’Assomption qui ont été traduites avec une subtilité qu’un Redon n’a pas égalée. (II, 293)

Titien, Le (quinquies) : [Paysage avec un dragon et une femme nue couchée]

Titien, Le (quinquies) : [Paysage avec un dragon et une femme nue couchée]

*c’est l’âge où nous aimons à caresser la Beauté du regard, hors de nous, près de nous, dans une tapisserie, dans une belle esquisse de Titien découverte chez un brocanteur, dans une maîtresse aussi belle que l’esquisse de Titien. (II, 300)

Véronèse (bis) : [Bella Nani]

Véronèse (bis) : [Bella Nani]

*Que connaissais-je d’Albertine ? Un ou deux profils sur la mer, moins beaux assurément que ceux des femmes de Véronèse que j’aurais dû, si j’avais obéi à des raisons purement esthétiques, lui préférer. (II, 305)

Manet, Édouard, peintre français (1832-1883) : [Nu]

Manet, Édouard, peintre français (1832-1883) : [Nu]

*Cette manière, la première manière d’Elstir était l’extrait de naissance le plus accablant pour Odette, parce qu’il faisait d’elle non pas seulement, comme ses photographies d’alors, une cadette de cocottes connues, mais parce qu’il faisait de son portrait le contemporain d’un des nombreux portraits que Manet ou Whistler ont peints d’après tant de modèles disparus qui appartiennent déjà à l’oubli ou à l’histoire. (II, 308)

Whistler (quater) : [Princesse du pays de la porcelaine]

Whistler (quater) : [Princesse du pays de la porcelaine]

*Cette manière, la première manière d’Elstir était l’extrait de naissance le plus accablant pour Odette, parce qu’il faisait d’elle non pas seulement, comme ses photographies d’alors, une cadette de cocottes connues, mais parce qu’il faisait de son portrait le contemporain d’un des nombreux portraits que Manet ou Whistler ont peints d’après tant de modèles disparus qui appartiennent déjà à l’oubli ou à l’histoire. (II, 308)

Giotto (terdecies) : L’Idolâtrie

 *Dans la fièvre du jeu, les longs cheveux d’Albertine s’étaient à demi défaits et, en mèches bouclées, tombaient sur ses joues dont ils faisaient encore mieux ressortir par leur brune sécheresse, la rose carnation. «Vous avez les tresses de Laura Dianti, d’Éléonore de Guyenne, et de sa descendante si aimée de Châteaubriand. Vous devriez porter toujours les cheveux un peu tombants», lui dis-je à l’oreille pour me rapprocher d’elle. (II, 348)

*Un des matins qui suivirent celui où Andrée m’avait dit qu’elle était obligée de rester auprès de sa mère, je faisais quelques pas avec Albertine que j’avais aperçue, élevant au bout d’un cordonnet un attribut bizarre qui la faisait ressembler à l’«Idolâtrie» de Giotto; il s’appelle d’ailleurs un «diabolo» (II, 324)

Véronèse (ter) : [le Triomphe de Venise]

Véronèse (ter) : [le Triomphe de Venise]

*il [Elstir] s’extasia plus encore sur les réunions du yachting que sur les courses de chevaux et je compris que des régates, que des meetings sportifs où des femmes bien habillées baignent dans la glauque lumière d’un hippodrome marin, pouvaient être pour un artiste moderne motifs aussi intéressants que les fêtes qu’ils aimaient tant à décrire pour un Véronèse ou un Carpaccio. (II, 333)

Carpaccio (quater) : [Légende de Sainte Ursule]

*il [Elstir] s’extasia plus encore sur les réunions du yachting que sur les courses de chevaux et je compris que des régates, que des meetings sportifs où des femmes bien habillées baignent dans la glauque lumière d’un hippodrome marin, pouvaient être pour un artiste moderne motifs aussi intéressants que les fêtes qu’ils aimaient tant à décrire pour un Véronèse ou un Carpaccio. (II, 333)

Carpaccio (quinquies) : [l’arrivée des ambassadeurs anglais]

Carpaccio (quinquies) : [l’arrivée des ambassadeurs anglais]

*Il y avait des joutes sur l’eau, comme ici, données généralement en l’honneur de quelque ambassade pareille à celle que Carpaccio a représentée dans la Légende de Sainte Ursule. (II, 333)

Véronèse (quater) : [Figure allégorique en trompe-l’œil]

Véronèse (quater) : [Figure allégorique en trompe-l’œil]

*Le plus grand charme d’un yacht, de l’ameublement d’un yacht, des toilettes de yachting, est leur simplicité de choses de la mer, et j’aime tant la mer. Je vous avoue que je préfère les modes d’aujourd’hui aux modes du temps de Véronèse et même de Carpaccio. (II, 333)

Carpaccio (sexies) : [Portrait d’une jeune femme]

Carpaccio (sexies) : [Portrait d’une jeune femme]

*Le plus grand charme d’un yacht, de l’ameublement d’un yacht, des toilettes de yachting, est leur simplicité de choses de la mer, et j’aime tant la mer. Je vous avoue que je préfère les modes d’aujourd’hui aux modes du temps de Véronèse et même de Carpaccio. (II, 333)

Bellini (quater) : [Ange musicien]

Bellini (quater) : [Ange musicien]

*Et de cet instrument plus varié, elles jouaient avec leurs lèvres, avec cette application, cette ardeur des petits anges musiciens de Bellini, lesquelles sont aussi un apanage exclusif de la jeunesse. (II, 340)

[Titien, Le] : Laura Dianti avec Alphonse 1er

[Titien, Le] : Laura Dianti avec Alphonse 1er

*Dans la fièvre du jeu, les longs cheveux d’Albertine s’étaient à demi défaits et, en mèches bouclées, tombaient sur ses joues dont ils faisaient encore mieux ressortir par leur brune sécheresse, la rose carnation. «Vous avez les tresses de Laura Dianti, d’Éléonore de Guyenne, et de sa descendante si aimée de Châteaubriand. Vous devriez porter toujours les cheveux un peu tombants», lui dis-je à l’oreille pour me rapprocher d’elle. (II, 348)

[Inconnu] : Éléonore de Guyenne

[Inconnu] : Éléonore de Guyenne

*Dans la fièvre du jeu, les longs cheveux d’Albertine s’étaient à demi défaits et, en mèches bouclées, tombaient sur ses joues dont ils faisaient encore mieux ressortir par leur brune sécheresse, la rose carnation. «Vous avez les tresses de Laura Dianti, d’Éléonore de Guyenne, et de sa descendante si aimée de Châteaubriand. Vous devriez porter toujours les cheveux un peu tombants», lui dis-je à l’oreille pour me rapprocher d’elle. (II, 348)

[Inconnu] : [Delphine de Custine]

[Inconnu] : [Delphine de Custine]

Delphine de Custine

*Dans la fièvre du jeu, les longs cheveux d’Albertine s’étaient à demi défaits et, en mèches bouclées, tombaient sur ses joues dont ils faisaient encore mieux ressortir par leur brune sécheresse, la rose carnation. «Vous avez les tresses de Laura Dianti, d’Éléonore de Guyenne, et de sa descendante si aimée de Châteaubriand. Vous devriez porter toujours les cheveux un peu tombants», lui dis-je à l’oreille pour me rapprocher d’elle. (II, 348)

Vinci (sexies) : [Saint Jean-Baptiste, exemple de glacis superposés]

Vinci (sexies) : [Saint Jean-Baptiste, exemple de glacis superposés]

*les Déesses marines qu’Elstir avait guettées et surprises, sous un sombre glacis aussi beau qu’eût été celui d’un Léonard (II, 351)

Michel-Ange (quater) : [Léda et le Cygne]

Michel-Ange (quater) : [Léda et le Cygne]

«Finissez ou je sonne», s’écria Albertine voyant que je me jetais sur elle pour l’embrasser. Mais je me disais que ce n’était pas pour ne rien faire qu’une jeune fille fait venir un jeune homme en cachette, en s’arrangeant pour que sa tante ne le sache pas, que d’ailleurs l’audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions; dans l’état d’exaltation où j’étais, le visage rond d’Albertine, éclairé d’un feu intérieur comme par une veilleuse, prenait pour moi un tel relief qu’imitant la rotation d’une sphère ardente, il me semblait tourner telles ces figures de Michel-Ange qu’emporte un immobile et vertigineux tourbillon. J’allais savoir l’odeur, le goût, qu’avait ce fruit rose inconnu. J’entendis un son précipité, prolongé et criard. Albertine avait sonné de toutes ses forces. (II, 357)

Bakst, Léon, peintre russe (1866-1924) : Décor pour Shéhérazade

Bakst, Léon, peintre russe (1866-1924) : Décor pour Shéhérazade

*des visages, peut-être construits de façon peu dissemblable, selon qu’ils étaient éclairés par les feux d’une rousse chevelure, d’un teint rose, par la lumière blanche d’une mate pâleur, s’étiraient ou s’élargissaient, devenaient une autre chose comme ces accessoires des ballets russes, consistant parfois, s’ils sont vus en plein jour, en une simple rondelle de papier et que le génie d’un Bakst, selon l’éclairage incarnadin ou lunaire où il plonge le décor, fait s’y incruster durement comme une turquoise à la façade d’un palais ou s’y épanouir avec mollesse, rose de bengale au milieu d’un jardin. (II, 366)

Inconnu, sculpteur romain (Ier siècle avant notre ère) : Le Tireur d’épine

Inconnu, sculpteur romain (Ier siècle avant notre ère) : Le Tireur d’épine

*ces peintres qui cherchent la grandeur de l’antique dans la vie moderne, donnent à une femme qui se coupe un ongle de pied la noblesse du «Tireur d’épine» ou qui comme Rubens, font des déesses avec des femmes de leur connaissance pour composer une scène mythologique (II, 369)

Rubens, Pierre Paul, peintre baroque flamand (1577-1640) : les Trois Grâces

Rubens, Pierre Paul, peintre baroque flamand (1577-1640) : les Trois Grâces

*ces peintres qui cherchent la grandeur de l’antique dans la vie moderne, donnent à une femme qui se coupe un ongle de pied la noblesse du «Tireur d’épine» ou qui comme Rubens, font des déesses avec des femmes de leur connaissance pour composer une scène mythologique (II, 369)